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Votre vie vous permet-elle vraiment d'accueillir un chien ?

      Cette question, nous ne nous la posons pas assez souvent avant de nous jeter à l'eau. Pourtant, elle est essentielle, logique, même. Un chien n'est pas une peluche dont on se débarrasse parce qu'elle devient gênante ou inutile. En théorie, en tout cas.

     Le chien est un être sensible avec des besoins éthologiques plus ou moins fixes (les races les font varier, mais aussi les lignées ; ce point est d'ailleurs traité dans l'article 2 du site, « choisir un chiot »).

     Cet individu à quatre pattes a des besoins, comme nous ; cela semble une évidence pour tout le monde, mais qu'est-ce que cela implique, finalement ? Que se passe-t-il réellement dans le foyer possédant un chien ? Le fait est que la grande majorité de nos animaux souffre de maltraitance passive, parce que leurs besoins de canidés ne sont pas respectés. Bien sûr, chacun aura tendance à se plier au bon sens les concernant : nous fournissons sans nous poser de question de l'eau, de la nourriture, du repos, voire du confort, à nos amis poilus. C'est bien, mais très loin d'être suffisant. Il se trouve que la plupart des chiens troquerait volontiers leur panière dernier cri ou leur coussin à mémoire de forme, voire leur tonne de jouets gisant sur le tapis du salon, contre des sorties dans les bois, des rencontres avec congénères adaptés ou des sessions de jeux sainement encadrés par l'humain...

     Si vous désirez adopter un chien, c'est qu'a priori, vous les aimez. Alors s'il vous plaît, soyez sincère avec vous-même et posez-vous cette question avant même d'entamer vos recherches : avez-vous le temps pour cela ? Oui, toute la question est là.

     Le temps.

     Le temps suffisant à consacrer à ces besoins d'activités physiques et mentales, de socialisation, de mastication, d'exploration, de jeu et j'en passe. A quoi bon prendre un canidé si vous êtes absent douze heures par jour, que vous rentrez fatigué du travail et n'avez qu'une envie : vous caler sur le canapé pour récupérer ? Votre chien, lui, aura passé toute sa journée à vous attendre en somnolant, dans l'espoir d'une séance de jeu ou d'une longue balade pour se défouler. Il se doit de dormir quand vous dormez, il doit veiller ou en tout cas rester calme en votre absence, il ne doit pas s'exciter de trop quand vous rentrez (parce que des fois, souvent même, vous êtes agacé en passant la porte) et il faudrait en plus qu'il se recouche tranquillement à vos pieds une fois que vous avez décidé de vous installer devant la télévision ? Après ces 16 à 20h sans stimulation ? Soyons honnêtes, ce n'est pas raisonnable. Pas acceptable, même.

     Un chien, c'est du temps à donner. Donc...

si vous êtes un bourreau de travail,

si vous avez une foule d'activités à pratiquer qui ne vous permet pas de faire participer votre animal,

si c'est simplement pour faire plaisir aux enfants (encore plus si ces enfants ont moins de 12 ans)

si vous n'aimez pas du tout vous activer, passer du temps à l'extérieur,

si ce désir de compagnon poilu est un caprice soudain,

si vous n'avez pas la patience (des semaines) pour rechercher une race, un élevage, des parents adaptés,

si vous n'êtes pas capable d'attendre (des mois, plus d'un an) que cet individu idéal naisse dans un endroit convenable (quitte à devoir largement reporter votre adoption),

si vous avez simplement besoin d'une présence animale qui ne vous engage pas vraiment,

si vous pensez que son éducation se fera tout naturellement (ou qu'il n'en a pas besoin),

il est clair que la plupart des races ne vous conviendront pas, voire que la gent canine n'est pas faite pour vous.

     Attention, vous pouvez avoir un travail très prenant si vous êtes un sportif qui apprécie son footing quotidien ou êtes un grand marcheur. Vous pouvez avoir un chien si vous êtes très sédentaire – à condition de choisir une race adaptée et de combler ses autres besoins de dépense, notamment masticatoires et sociaux. Sachez tout de même qu'un chihuahua ne renâcle pas devant une rando de 8km, si on veut bien la lui offrir...

     Rien n'interdit de posséder un chien tant que vous avez du temps à lui consacrer et si vous savez que vous trouverez un moyen durable de respecter chacun de ses besoins (modulés par sa race, sa génétique et son caractère propre).

 

    Prendre un chien, c'est s'engager à s'en occuper au quotidien. Lui acheter une bonne croquette, le gratifier de papouilles dans le canapé, lui donner des restes et posséder un jardin, ce n'est pas suffisant. J'insiste : le jardin n'est pas un critère qui doit peser dans la balance. Un chien vivant en appartement avec une personne aimant sortir matin et soir et l'autorisant à avoir du contact avec ses congénères sera bien plus épanoui qu'un autre qui possède des hectares de terrain – qu'il n'explore généralement pas tout seul – et qui y est laissé en autonomie constante. Le jardin, c'est surtout confortable pour l'humain. Tout chien, même le plus calme, a besoin chaque jour d'une petite sortie avec son maître pour voir le monde, sentir d'autres odeurs que celles, biens connues, de notre espace extérieur. Le besoin exploratoire n'est pas à négliger, ni celui de contacts positifs et réguliers* avec d'autres membres de son espèce.

     Alors si vous n'en avez pas de temps à offrir, si vous n'êtes pas assez motivés, pour eux, parce que vous les aimez, de grâce, renoncez à ce projet.

* Attention tout de même : bon nombre de chiens n'aiment pas forcément faire de nouvelles rencontres ; elles sont énergivores car elles demandent de s'adapter, de jauger l'autre, pour peut-être trouver que cet individu n'est pas intéressant, voire carrément inadapté. Question de personnalités ! Certains chiens aiment aller au devant de nouvelles têtes, d'autres préfèrent voir et revoir des poilus bien connus et faire calmement un bout de chemin ensemble.

Margot Brousse - Freed Dogs

Article de fin 2018

Revu en juin 2023

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