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Les mordillements du chiot

       La question du mordillement est régulièrement dans le top trois des interrogations des nouveaux adoptants de chiots. « C'est normal, c'est un bébé ? », « Cela va passer avec le temps ? », « Est-ce qu'il faut réagir ? », « parce qu'il fait mal, quand même... », « Je dis non, mais ça ne sert à rien... », autant de doutes à ce sujet que nous allons essayer d'éclaircir pour trouver comment agir.

     Un chiot mordille, oui, c'est dans sa nature, de façon plus ou moins prononcée. C'est presque un passage obligé. Comme un petit enfant touche à tout et porte à la bouche, le chiot met tout en gueule pour découvrir le monde – pas de chance, vos mains et vos affaires en font partie.

      La fréquence et l'intensité des mordillements sont liés à plusieurs facteurs qui s'additionnent. Certains ne dépendent pas de vous ou très indirectement :

  • Le travail de la mère des chiots à l'élevage. Si elle a été suffisamment présente, de un. Car certains élevages séparent beaucoup (trop) les petits, passées quelques semaines, pour que la mère « se repose ». et sous prétexte qu’ils sont sevrés. Sauf que ce n’est pas parce qu’un chiot est capable de manger des croquettes (ou autre chose) qu’il n’a plus besoin de sa mère ! Evidemment, cette dernière ne peut être au contact des petits non-stop ; elle ne les supporterait plus, à force. Mais les chiots doivent être régulés par un adulte dans leurs interactions et le fait de vivre seulement entre eux, des heures durant tous les jours, est néfaste, tant pour les plus timides, qui se feront persécutés par leurs frères et deviendront craintifs et renfermés, que pour les plus brutes qui n'auront jamais été recadrés et n'auront pas appris à céder dans le conflit – ce qui peut être dangereux face à un adulte inconnu ou jeune chien plus fort qu'eux – et assez problématique pendant l’éducation. Parfois, la mère est bel et bien physiquement présente mais trop laxiste ; elle ne remplit pas assez efficacement son rôle de régulateur et si un autre adulte ne le fait pas pour elle, c'est comme si les chiots étaient laissés livrés à eux-mêmes. Dans ces cas de figure, vous pouvez vous retrouver avec la « petite brute » qui n'a jamais pu apprendre à communiquer correctement et s'arrêter à temps. Ce chiot insiste, malgré vos « non » qui semblent le motiver plus que le décourager : il n’a jamais appris (à supporter) la frustration.

  • Le travail des éleveurs. Un chiot peut avoir appris à respecter sa mère et des chiens adultes, s'il a eu des contacts suffisants et efficaces avec eux, mais ne pas gérer ses mordillements sur l'humain. Comme nous l'avons dit dans l'article Choisir son chiot, un bon éleveur manipule les petits, vit avec eux au quotidien, et donc rencontre lui aussi le problème des dents pointues sur ses mains ou ses vêtements. Normalement, il contribue à réduire grandement ce phénomène, voire l'élimine.

  • Le tempérament du chiot comme individu. C'est un fait, certains mordillent plus que d'autres. Les plus curieux, les plus exubérants, les plus joueurs, les plus émotifs, surtout. Nagg, ma jack russell, n'a jamais cherché à mordiller mes mains ou mes affaires. C'est en partie parce que le travail de ses éleveurs en amont a été de qualité ; pourtant, certains autres chiots de la portée étaient plus enclins à user de leurs petits crocs (j'étais et suis encore en contact avec la propriétaire de son frère, Meiko, et il a fallu s'armer de patience pour lui faire perdre cette habitude). Ils ont eu la même éducation canine et humaine pour un résultat – à l'arrivée des chiots dans leur nouveau foyer – différent.

     Il y a aussi des facteurs vous concernant plus directement :

  • Votre tempérament propre. Combien de fois entend-on « il ne mordille pas mon mari, mais moi, je n'arrive pas à lui faire comprendre », par exemple ? Souvent les hommes, avec leur voix plus forte, parviennent plus tôt à être "respectés" sur ce point - car ils font peur et, même si le besoin de mordiller reste présent, le chiot s’inhibe (avec cette personne, pour mieux décharger sur les autres, parfois). Mais ce n'est pas une norme ; j'ai connu des couples où le chien était nettement plus réceptif aux indications, positives ou négatives, de la femme. C'est quelque chose qui ne s'explique pas forcément, mais, généralement, si un chiot mordilleur ne le fait pas avec une seule personne du foyer mais se le permet avec les autres, c'est qu'il la craint - ce qui n'est pas ce que vous recherchez, si vous souhaitez faire évoluer votre chiot de façon bienveillante.

  • L'environnement trop – ou trop peu – stimulant que vous offrez à votre chiot. Un point de taille, à ne pas négliger, surtout si les mordillements vont en s'accentuant après les quatre mois du poilu. J'entends par « trop » les tapis à frange qu'on a laissés, les plantes en pot au sol, les livres et magazines à portée, les chaussures et les jouets des enfants qui traînent partout etc., le tout, en accès libre, constamment. Dans ces cas-là, si le chiot ne vous mordille pas vous, il y a des chances qu'il trouve de quoi faire sur votre intérieur ^^ A l'inverse, un chiot qui ne trouve rien à mordiller dans son espace de vie, s'il est vif et joueur, aura des chances de redoubler d'efforts pour atteindre vos mains, vos jeans ou vos tee-shirts... Dans cette catégorie rentre aussi le fait que le chiot ait suffisamment d'activités structurantes, toutes les jours, sans pour autant en faire trop ; tout est une question de dosage.

 

       Maintenant que « l'état des lieux » est présenté, occupons-nous de résoudre ledit problème. Ne misez pas sur le fait que c'est un comportement juvénile qui s'estompera avec l'âge. Un chiot qui n'a pas appris à contrôler l'usage de sa gueule avec les humains – et leur environnement – ne cessera jamais de communiquer avec les dents et gardera une tendance au mâchonnage d'objets inadéquats pendant de longs mois voire années.

     Dans un premier temps, il s'agit de différencier deux cas : les mordillements sur objets vous appartenant et ceux que vous subissez personnellement.

Mordillements sur objets

 

      Nous l'avons rapidement évoqué plus haut, ils sont dus à la volonté de découvrir l'environnement – et de s'occuper. Commencez par retirer un maximum de choses attirantes pour les mettre hors de portée (chaussures, panières à linge ouvertes, tapis... mais aussi télécommandes, téléphones, paquets de cigarettes... car nos chiots aiment s'attaquer aux objets qui leur font « concurrence »). Rassurez-vous, ce ne sera que temporaire ; il faut simplement que le chiot apprenne à ne pas toucher à tout et c'est bien plus simple pour lui s'il n'est pas stimulé par toutes vos affaires lui tendant les bras. Quelques semaines ou mois plus tard, vous pourrez tout remettre en place sans que votre loustic ne vous chaparde ou abîme tout. Je vous conseille parallèlement d'apprendre à votre petit bout à abandonner une prise sur commande, en positif, bien entendu. Pour les chiots ayant tendance à "voler" pour attirer l'attention (souvent les bergers), il est bon de leur enseigner que ne pas toucher/prendre est bien plus profitable.

 

      Attention : il faut cependant que l'environnement reste enrichissant. C'est un besoin que le chiot a, d'explorer, de mastiquer. Offrez-lui donc des objets sur lesquels il a le droit d'user de sa mâchoire.

      ➢ Il existe un tas de jouets solides qu'on peut remplir de friandises ou dans lesquels on peut insérer une mixture à lécher, comme les Kong ou les Sodapup. Un peu de petit suisse ou de yaourt, une purée de légumes ou de fruits, congelés quand il fait chaud ou pour que le jeu dure davantage, et c'est parti !

       ➢ Plus accessibles, donc moins frustrants pour les tempéraments impatients, les tapis de léchage sont de bons alliés aussi pour offrir une occupation saine à votre petit bout.

      ➢ Vous devriez aussi vous munir de friandises naturelles comme les peaux de bœuf ou, plus solides encore, les sabots de veau, corne de buffle, bois de cerf etc. Si votre chiot dispose d'objets accessibles et goûteux, il n'aura aucune raison de se défouler sur vos affaires, a priori moins appétentes.

       C'est parallèlement un moyen de lui enseigner la solitude de façon positive : plein de jeux et friandises arrivent au moment du départ, qui dès lors devient intéressant, et le chiot a de quoi gérer ses émotions de début d'absence via le léchage et la mastication.

 

Mordillements sur humain

 

      Ce point est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Ou pas, en vérité, mais les multiples solutions que vous pourrez trouver pour éteindre ce comportement sur l'humain sont en réalité... uniquement des moyens de gestion, plus ou moins à propos, à un moment donné, pas des solutions sur le long terme.

     Ces "solutions" se distinguent en deux grandes catégories :

  • Les punitives : dire "non" fermement, crier, attraper par la peau du cou, mettre le chiot dehors, utiliser un spray avec odeur désagréable, faire se mordre le chiot (et j'en passe et des meilleures).

  • Les chouchoutes de l'éducation positive : imiter le chiot qui a mal, faire cesser l'interaction, s'isoler du chiot, rediriger le chiot sur un objet, demander un autre comportement maîtrisé comme "assis".

      Les premières vont (malheureusement) fonctionner sur un individu plus sensible qu'excité, lui apprenant qu'on lui fait peur ou mal quand il agit de cette façon. Les secondes peuvent finir par payer avec une majorité d'individus, mais cela risque de prendre beaucoup de temps, surtout avec un chiot particulièrement énergique et dans le besoin d'utiliser sa gueule. Pourtant, l'une comme l'autre des méthodes ont, comme nous l'évoquions, des chances de s'avérer improductives avec un chiot très émotionnel. Nous allons voir pourquoi.

      La première version de cet article ne me semblait plus satisfaisante, dans la mesure où il s'agissait de contrôler des symptômes plutôt que de s'occuper de la cause originelle du comportement.

      Un comportement est toujours motivé par quelque chose et c'est sur ce quelque chose qu'il faut agir, si on veut le voir disparaître, pas en punissant le comportement en soi. Sur certains individus émotifs, sanctionner les mordillements peut se révéler aussi efficace que de mettre un mignon pansement Pikachu sur une artère sectionnée, tout simplement parce que le fond du problème reste là, palpable pour le chien. Cette cause sous-jacente ne lui permet pas de s'ajuster, de réagir autrement qu'avec sa gueule. Pour ces chiots, on ne fait qu'envenimer la situation en essayant (seulement) d'intervenir sur le comportement, même si c'est de façon bienveillante. Parce que ces petits loups, pour ne plus mordiller, ont besoin d'acquérir des compétences en lien avec la gestion de leurs émotions.

      Quand le chiot mordille, il faut d'abord se demander pourquoi il mordille à ce moments-là (ou en ces occasions). Car le chiot ne mordille pas tout le temps l'humain non plus - normalement, il lui arrive au moins de dormir ^^

       Est-ce qu'il le fait pendant une interaction (câlin/jeux) ou au contraire quand on ne s'occupe pas de lui ?

       Est-ce qu'il le fait après une absence humaine seulement, au retour du travail ou des courses ?

       Est-ce qu'il le fait en réaction à du mouvement (attaque de pieds/mollets) ?

       Est-ce qu'il le fait après un "non", une contention ? Après un retour de balade ?

       Identifier les moments de mordillements peut aider à comprendre les raisons du comportement mais surtout permet parfois d'éviter de les déclencher, en anticipant. C'est un facteur essentiel quand on veut éduquer de façon émotionnel-lement respectueuse.

       Voici quelques raisons parmi les plus courantes :

  • Besoin masticatoire non comblé : nous en avons parlé, je ne reviens pas en détail sur ce point. Un chiot doit avoir de quoi mastiquer pour se sentir bien.

  • Réponse à une montée d'excitation : le chiot joue avec l'humain, avec un objet ou non, et cela dure trop longtemps ou est trop intense (comme quand un enfant court), alors bébé chien perd le contrôle et se met à poser ses dents plus ou moins fort là où il ne faut pas. Cela arrive aussi au retour de la famille, quand le chiot est heureux de revoir son groupe après un long moment d'inactivité.

  • Réponse à une frustration : le chiot veut quelque chose (jouer ou simplement de l'attention) et l'humain ne répond pas à la demande ou le chiot voudrait avoir accès à une ressource (nourriture sur la table basse) et l'humain l'empêche d'agir comme il le voudrait, verbalement ("non !") ou physiquement (collier ou corps attrapé). Bébé chien se frustre donc, peut se retrouver carrément en colère s'il n'a pas d'alternative et mordiller peut devenir un moyen pour lui d'essayer de gérer ses émotions négatives. Le chien que sa laisse entrave alors qu'il voudrait aller quelque part peut aussi décharger sur ce lien (ou le bras de l'humain).

  • Demande d'arrêt d'interaction : le chiot se fait câliner et il n'en a pas ou plus envie, alors il met les dents contre les mains pour demander que le contact cesse. Généralement, quand les mordillements sont de cet ordre, ils cessent immédiatement à l'arrêt du contact.

        De là, on remarque clairement que la problématique est très souvent émotionnelle, sans visée de communication (à part pour le dernier point).

      La solution est finalement simpliste : il faut travailler, en dehors des moments de "crise", sur la stabilité émotionnel-le du chien par des apprentissages d'auto-gestion. Ce sont les fameux auto-contrôles qui ont le vent en poupe ces derniers temps, mais qui ne sont pas toujours expliqués (et donc appliqués) pour ce qu'ils devraient réellement être. Rappelons que dans auto-gestion/contrôles, il y a "auto" et donc qu'il ne s'agit en aucun cas d'enseigner "pas bouger/pas toucher" qui sont des exercices d'obéissance. Il est question de récompenser, tous les jours, le choix du calme, de la patience et du renoncement, autant d'éléments qui sont abordés dans notre livre en vente mais aussi par de bons professionnels canins.

      Très bien, mais en attendant que notre travail porte ses fruits, on fait quoi ?

     D'abord, on choisit une réponse adaptée à la raison du mordillement. Rediriger vers un objet de mastication banalisé alors que le chiot demande de l'attention humaine, ça ne fonctionne logiquement pas. Ignorer un pied de table que le chiot ronge, encore moins. Apporter des caresses plus calmes au chiot qui n'en veut pas du tout, non plus. Bref, si ce que veut le chiot au moment où il mordille n'est pas identifié, on ne peut pas réagir dans le bon sens.

      Quelques exemples de réactions possibles, en fonction du contexte (et des raisons) du mordillement :

  • Je promène mon chiot en longe et il veut atteindre un papier par terre, ce que je l'empêche de faire pour qu'il ne l'avale pas, en retenant sa laisse. De frustration, il décharge sur mon jogging en tirant dessus. ➯ Je lui donne un tug à tenir et secouer, le temps qu'il redescende en émotions, puis je le range quand le chiot le laisse au sol pour en revenir à sa balade et ses odeurs.

Comme je réponds à un besoin de décharger par une autre décharge possible, je réagis efficacement et mon chiot peut se calmer.

  • Je suis en train de jouer avec sa corde et il se met à attraper ma main. ➯ Si c'est une fois, une indication de douleur de ma part avant de lui rendre la corde (et pas la main) peut suffire. S'il recommence, c'est que le jeu le fait perdre les pédales. Possible que je joue trop fort, en mettant moi-même trop d'énergie dans la "lutte". Possible que j'ai joué trop longtemps, sans faire de pauses. Pour cette fois, il suffit de partir, sans le jouet, s'isoler un moment, en s'assurant que rien ne risque dans la pièce où je laisse le chiot. A l'avenir, il faudrait que je prévois des pauses recherche de friandises au sol entre les moments de traction, pour que mon chiot redescende en excitation régulièrement.

Comme je préviens la montée d'excitation de façon non stressante, je ne subis normalement pas les mordillements. S'ils surviennent accidentellement, je ne les renforce pas en mettant fin à une interaction agréable sur lors de l'appairtion du comportement déplaisant.

  • Je suis en train de lire et mon chiot aboie devant moi, en posture d'appel. Comme je ne réponds pas, il saute sur moi et se met à mordiller mes vêtements. ➯ A cet instant précis, je ferais bien de m'isoler de lui, pour ne pas entrer en interaction tout en préservant mes habits (et mon humeur xD). Après coup, je devrais réaliser que mon chiot a visiblement du mal à rester tranquille en intérieur et à s'occuper sans moi. Possible qu'il manque de sorties (calme, en longe ou libre) ensemble. Possible qu'il soit à l'inverse épuisé car j'en fais trop, au quotidien, entre les parties de jeux, l'éducation et les balades (cas de bon nombres de chiots pénibles en soirée). Possible aussi que j'aie trop l'habitude de le solliciter en intérieur, en le laissant me suivre partout, au point qu'il ne sait rien faire sans moi. Il conviendra de réorganiser les moments d'accès à la nourriture et à la mastication, pour l'aider à avoir une activité calme et autonome dans la maison.

Comme mon chiot demande "mal" de l'attention, je ne lui en donne pas donc ne favorise pas la production des mordillements pour obtenir l'interaction.

  • Mon chiot est tranquillement couché sur un tapis. Comme je veux lui montrer que le calme est payant pour lui, je m'approche pour le caresser. Il se retourne gentiment sur ma main, à peine je l'ai touché ou après quelques secondes. ➯ Mon intention était louable mais mon chiot n'avait pas envie de contact à ce moment-là. Il en a le droit ; je dois simplement me relever et m'en aller quand cela arrive. Pour une meilleure communication entre nous (sans mordillement), il serait bon que j'introduise le test de consentement à la caresse dans notre vie. Les câlins, on les propose, on ne les impose pas !

 

     Finalement, à chaque fois que les mordillements apparaissent, on devrait passer en mode "gestion de crise", tout en étant conscients que ce n'est pas vraiment par répétition de ces réactions que le chiot apprendra à ne plus se laisser déborder ou à communiquer différemment, mais bien par notre travail de fond au quotidien.

      Pour résumer, un chiot qui mordille, surtout passés quatre à cinq mois, peut avoir deux "problèmes" :

      ▶︎ Un quotidien inadapté à ses besoins, allant du manque de stimulations intelligentes à l'excès inverse (trop pour son âge).

      ▶︎ Une nature à fleur de peau, facilement excitable, sur laquelle il faut travailler pour gagner en stabilité et ainsi voir les mordillements (et les débordements en général : sauts, aboiements, traction sur la laisse...) diminuer puis disparaître. Sur ce point, il est bon de faire accompagner par un professionnel (bien formé) qui vous donnera des conseils et exercices pour faire progresser votre chiot dans sa gestion émotionnelle.

       Il n'est pas rare que les deux se cumulent. Quoi qu'il arrive, la solution se trouve parmi ces deux clés, pas dans une manière de punir le chiot se comportant "mal".

Margot Brousse - Freed Dogs

Article publié fin 2018

Revu fin 2022

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