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Comment bien jouer avec

son chien ?

Régulation et auto-contrôles

Parce qu'un chien intenable à la vue d'un jouet n'est pas une fatalité ! (n'est pas recommandable non plus)

Parce que, non, vous n'êtes pas obligé de renoncer à partager de bons moments via le jeu !

Voyez ici tout ce qu'il est possible de faire, d'apprendre, voire de maîtriser en toute circonstance, à condition de partir sur de bonnes bases en usant des jouets de façon raisonnée :)

Jouer à la "bagarre"

 

Mon jeu préféré avec un chiot normalement excitable*. En effet, il permet de ne pas utiliser d'artifices, de prendre quelques minutes pour se mettre dans la peau d'un congénère et de jouer comme eux le feraient - ce qui fait de nous une source d'attention particulière.

En plus du bénéfice des liens qui se créent avec vous - et pas avec une balle ou autre - le chiot continue l'apprentissage des auto-contrôles, comme sa mère et/ou d'autres chiens les lui ont normalement enseignés. Ainsi, nous pouvons lui apprendre ce qui est permis ou ne l'est pas durant ces séances de jeu : pas de prise en gueule du tout ? Pas de dents sur notre peau ? Certains mordillements très contrôlés sont tolérés ? Nous pouvons en décider et affiner, le tout étant toujours d'être cohérent : on n'accepte pas un jour les mordillements pour décréter à six mois qu'il est temps d'y mettre un terme !

Enfin, cet exercice ludique nous permet d'apprendre de façon positive le "stop" à notre chien, un mot qui lui indiquerait que le jeu doit s'arrêter, pour reprendre ensuite ou non (le mot n'est pas forcément nécessaire : notre seule attitude peut lancer/ arrêter le jeu).

 

* Certains chiots, souvent de races bergères, montent vite dans les tours et peuvent facilement blesser, si on s'agite avec eux en les bousculant. Si c'est le cas du nôtre, il faut éviter ce jeu ! Ou en tout cas, le chiot aura besoin d'autres outils préalables avant de pouvoir jouer sans risque.

La technique d'apprentissage est détaillée dans le premier article sur le jeu que j'ai rédigé.

Nestor vous montre ce que cela donne quand ce jeu a été correctement enseigné :

Avoir un "donne" à toute épreuve !

 

Eh oui, même avec le chien le plus joueur, destiné à avoir le plus beau mordant, on peut avoir un "donne" exécuté de bon cœur est à la seconde où il est demandé, voire sans n'avoir rien à dire, s'il est correctement appris.

La base du donne, c'est de ne pas forcer la main (ou la gueule) du chien pour récupérer quoi que ce soit. Nos chaussettes ou une corde à nœud, il s'en fiche, lui ; c'est un objet qui l'a inspiré et qu'il a pris comme jouet. Si on prend l'habitude de courir derrière ou de forcer les mâchoires à s'ouvrir, très vite on ne peut plus rien récupérer... Donc quoi qu'on nous ait volé, faisons du troc ! Quel chien ne rendrait pas une chaussure pour un bout de jambon ? Rapidement, nous pourrons apprendre à notre chien à nous ramener tout un tas de choses sans les avoir abîmées et sans avoir à nous "bagarrer" avec lui.

Cet apprentissage est également détaillé dans l'article concernant la protection de ressources. Vous trouverez aussi une méthode pour travailler le rendu du jouet sans friandises, ce qui est assez utile. Avec le temps, par ces techniques, le chien apprendra que dès qu'il n'y a plus de tension au bout du jouet, il faut le rendre pour que la "lutte" recommence. C'est très pratique avec des enfants, pour qu'ils ne soient pas secoués par le chien au bout du jouet.

Avoir deux chiens qui jouent sans conflit avec le même jouet

 

Si pour vos animaux, vous êtes le gestionnaire prioritaire du jeu, ils auront appris à se canaliser vis-à-vis de l'objet en soi et ils auront de ce fait nettement moins tendance à être en conflit avec leur(s) congénère(s) familiers (notamment grâce au travail émotionnel que cela suppose) - mais avec les autres aussi.

C'est ainsi que Nagg et Guenji peuvent passer de longues minutes à tirer chacune de leur côté sur un objet avec corde (car sa majesté le russell préfère les cordes aux jouets ^^). Il n'y a jamais de tension, jamais d'accroc. Guenji accepte que Nagg se suspende, tire, grogne, secoue, mais quand elle tient à le récupérer pour elle seule, elle n'a qu'à lever les babines et sa petite sœur cède sans problème. Parfois, Nagg le lâche d'elle-même et passe à autre chose. Parfois, c'est Guenji qui l'échappe et accepte d'avoir "perdu" ; elle attend que je le récupère pour le lui rendre et le jeu à deux peut recommencer.

En contrepartie, Guenji respecte le fait que Nagg - quand c'est son tour d'avoir intercepté le jouet - ne veuille pas qu'un autre chien vienne se saisir de l'objet qu'elle tient en gueule.

Chacun sait finalement jouer en bonne intelligence et s'adapte à l'individu qu'il a en face de lui.

Jouer avec deux chiens en même temps

(à tour de rôle)

 

Quel plaisir quand on a plusieurs chiens de ne pas avoir à en isoler un pour jouer avec l'autre ! Cet apprentissage, demandant énormément d'auto-contrôles, permet en plus d'avoir un chien tolérant et plutôt prêteur au sujet des jouets, car il aura de fait appris à partager et saura quand le jeu le concerne directement ou quand le jouet est bel et bien présent mais pas immédiatement accessible.

Personnellement, j'ai pris l'habitude de prononcer le nom du chien à qui je lance le jouet (et donc celui qui doit le récupérer). L'autre chien peut courir avec l'individu nommé si cela lui chante - c'est ce que fait Guenji - ou rester à côté de moi en attendant son tour - comme le ferait plutôt Ness.

Les fondements de cette capacité sont un renoncement volontaire et automatique bien ancré. Il est impératif de travailler avec un chien seul au début, en posant le jouet tout près de notre pied, puis en le faisant tomber de quelques centimètres, puis en lançant le jeu, très peu loin et ainsi de suite. A chaque fois que le chien décide de ne pas aller sur le jouet, donc à chaque fois qu'il choisit de renoncer de lui même à s'en saisir, il est récompensé, via un autre jouet lancé, une friandise ou en ayant le droit de récupérer le jouet au sol.

Un jour, on pourra également vérifier la validité de notre "stop" en le demandant au chien parti chercher son jouet, très tôt dans la course, au début.

Voici une vieille vidéo de Nestor. Ce n'est plus ma façon de travailler, car vous remarquerez que Ness obéit à un "tu laisses" et ne renonce donc pas de lui même. Même si la technique reste efficace, elle ne correspond plus à ma vision actuelle de l'éducation : celle où le chien est éduqué pour avoir les comportements attendus, sans qu'on ait besoin de lui donner d'ordres.

Pour un chien qui aime jouer mais que le jeu ne l'excite pas démesurément

 

Tous ces apprentissages durables - la bagarre contrôlée avec l'humain et gérée par l'humain, les rendus profitables, la capacité à renoncer renforcée en différentes occasions, l'acceptation du prêt de jeu etc. - construisent un chien capable de se maîtriser malgré la présence du jouet, voire l'excitation d'un autre animal jouant. Le jeu ne l'abrutit pas ; Toutou garde un minimum de sang froid malgré les hormones d'excitation et de plaisir que génère son cerveau.

Il est assez simple de jauger l'excitation du chien qui joue et de la temporiser :

  • Avec un chiot ou un chien très excitable, jouer quelques secondes avant de faire chercher des friandises au sol aide le chien à changer d'état d'esprit et à se calmer entre les phases de jeu. Plus il est nerveux et monte vite en pression, moins il doit jouer et plus il doit chercher.

  • Avec un chien plus disponible cérébralement malgré la présence du jouet, on peut passer d'un moment réflexif à une phase de jeu. Demandons simplement quelque chose que Toutou sait faire ; il s'exécutera s'il est assez attentif. S'il est à l'écoute, notre jouet servira de récompense. S'il faut répéter plus de deux fois, il faut lancer une phase de recherche ou arrêter le jeu. Ainsi, nous renforçons nos demandes tout en partageant un bon moment et en contrôlant que les choses ne dégénèrent pas (vidéo de gauche).

 

On peut également s'appliquer à banaliser le jouet sur un chien très en demande (mais avec du cerveau !) et lui proposer des exercices de concentration avec nourriture - qui n'impliqueront pas de contact direct avec le jeu - comme une séance d'éducation au milieu de ses jouets, un rappel avec une ligne de jouets à franchir sans les toucher etc. (vidéo de droite)

/!\ Pour ce faire, le renoncement automatique sur objets au sol doit évidemment être acquis.

Si cet article vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus, vous avez la possibilité d'approfondir le sujet via le premier article rédigé concernant le jeu : faut-il jouer avec son chien ? Cela vous permettra de comprendre comment et pourquoi le jeu peut être néfaste quand il n'est pas régulé et vous trouverez d'autres pistes pour reprendre la main si vous l'avez perdue - ou avant de possiblement la perdre ! ;)

Margot Brousse - Freed Dogs

Article publié en août 2019

Revu en janvier 2024

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